Une vraie poule de ville
- Histoire de Mme T. Fraser, Los Angeles, Californie
- 3 févr. 2016
- 4 min de lecture
“Je travaille de la maison depuis des années et je vis en plein cœur de Los Angeles avec mes voisins au milieu d’un carrefour de quatre artères principales ou le trafic est dense. Il y a environ trois ans et demi, à travers le bruit des voitures, j’entends un bruit(ou glouglou) bizarre qui provenait de la rue. Je me penche à la fenêtre et là en bas, sur le coin de la rue, juste en bas de mon immeuble, sur le parterre, j’aperçois une chose que jamais je ne me serais attendue de voir là. Il y avait une poule, marchant calmement autour du terrain et picorant dans l’herbe! Los Angeles est une ville où nous avons notre lot d’animaux sauvages tels que les coyotes, les ratons-laveurs, les opossums, mais voir une poule comme cela, en pleine rue est aussi invraisemblable que de voir neiger dans nos rues à Los Angeles! C’est tout simplement impossible?
Ma première idée fut de penser que cet animal était perdu. Que c’était l’animal de compagnie de quelqu’un du quartier et que cette poule s’était enfuit de leur maison…Alors, naturellement, j’ai tenté de capturer la poule afin de la mettre et sécurité et placer une affiche dans les immeubles autour et tenter de trouver son propriétaire. J’ai appris très rapidement, qu’il est presque impossible d’attraper une poule qui ne veut pas se faire prendre Aussi, parce que j’avais si peur qu’elle court vers la rue et se fasse frapper par un véhicule, j’ai décidé de plutôt l’amadouer en lui donnant de la nourriture en attendant de retrouver son propriétaire qui devait être en train de la chercher.
J’ai pris dans ma cuisine ce qui me semblait approprié pour nourrir une poule : du maïs congelé. Je l’ai réchauffé puis refroidit et je suis retourné dehors sur le terrain. Tous les passants et les voitures ralentissaient pour l’observer. J’ai tendu le plat de maïs vers elle et me suis mise en retrait afin de ne pas l’effrayer et peu de temps après, elle a mangé quelques grains. Ce fut le départ d’une belle amitié et relation avec elle.
Durant les trois années suivantes, je pouvais l’apercevoir se balader en face de la rue et traverser vers mon terrain entre 15h00 et 15h30 réglé comme une horloge. J’allais lui porter tous les jours du maïs qui devint une ration importante de sa diète. Aussitôt qu’elle me voyait arriver avec mon plat, elle s’élançait à travers la rue pour venir à ma rencontre. Heureusement les quatre coins de la rue était pourvue d’arrêts, maïs chaque fois que je la voyais traverser ce coin, mon cœur palpitait d’inquiétude. Elle traversait comme si ce coin de rue était le sien tout en provoquant les plus drôles de réactions des conducteurs d’automobiles et des passants! Je ne peux vous dire combien de personnes ont filmé avec leur cellulaire la scène de cette poule traversant ce coin de rue.
En peu de temps elle se sentie sécurisée, tellement qu’elle finit par manger au creux de ma main et éventuellement, j’ai pu la caresser et la prendre. Mon immeuble d’appartements dans lequel je vis ne nous permet pas d’avoir des animaux de compagnies, or ces quinze minutes par jour passée avec ma poule sont devenus super importants pour moi. Ils étaient mes plus beaux moments de mes journées surtout lorsque des enfants du quartier se joignaient à moi et de voir leurs réactions dans leurs yeux était pur bonheur. Comme de raison la plupart des enfants ont comme réflexe de tenter de la capturer. Alors je leur expliquais comment il était important de ne pas l’effrayer et surtout ne pas la faire s’enfuir dans tous les sens à travers les voitures dans la rue! Je leur ai transmis quelques faits sur les poules que j’ai appris au fil du temps. C’était comme une petite école de la poule sur le terrain. La poule a été baptisée de plusieurs noms différents au cours des années par les enfants et des centaines de photos ont été prises avec elle. Pour moi, c’était ma petite poulette chérie, mon bébé.
Après s’être repu de mes grains et de notre moment passé ensemble, elle s’en allait tout simplement de l’autre côté de la rue. De ce côté un arbre immense lui étirait de belles longues branches très basses et elle s’y hissait d’une branche à l’autre jusqu’à atteindre une bonne hauteur. Je n’ai jamais su si elle s’y installait toute la nuit ou si elle avait un refuge sécure pour dormir la nuit. C’était un mystère pour moi, mais ce qui était certain, elle se pointait tous les jours sauf lorsqu’il pleuvait très fort. Mais combien de fois dans votre vie avez-vous entendu parler d’une chose pareille?
Et soudainement, un certain jour, elle a disparue. Elle ne venait plus tous les jours à ma rencontre. Tous les jours durant des semaines je suis allée voir pour la retrouver avec de la nourriture mais en vain. Aussi étrange que cela puisse paraître j’ai vécu un genre de deuil et je fus vraiment triste de l’avoir perdue. n’ai jamais su si quelqu’un l’avais capturé ou si elle a été frappée par une voiture ou attaqué par un prédateur ou si elle était simplement morte de vieillesse dans son sommeil. Peu importe l’explication, j’ai due me résigner et accepter son départ.
Cette poule a non seulement apporté de la joie, des sourires et du bonheur à des centaines de personne voir des milliers de citadins aussi confondus que jamais. Elle était merveilleuse et nous rappelle que nous sommes tous des êtres interconnectés dans cette vie. Et vous savez quoi? Je n’ai plus jamais mangé de poulet depuis ce jour.”
Traduction par Louise Arbour
Révision linguistique par Mme Lita Castilloux, Moncton, NB
Texte extrait du livre de Mme Gretchen Anderson : The Backyard Chicken Fight

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